PAU-ORTHEZ. Seizième au classement, l'Elan est en position de relégable au tiers de la saison régulière. Un constat inquiétant pour Pierre Seillant, le directeur exécutif, qui attend des réponses.

PierreSeillant, le directeur exéctufif de l'Elan.
Sports Béarn
Au premier tiers de la saison régulière, Pau-Orthez était pointé ce lundi à la 16e place, c'est-à-dire en position de relégable. Pierre Seillant, le directeur exécutif palois s'explique sur ce départ raté, le pire jamais connu par l'Elan dans l'élite.
Sud Ouest :Que vous inspire cette 16e place au classement ?
Pierre Seillant : C'est une situation que je vis très mal. Les deux saisons dernières aussi j'ai souffert, mais c'était pour des raisons différentes. Là, je ne comprends pas ce qui se passe. Pourquoi y a-t-il autant de différences entre nos matches d'Euroligue et ceux de Pro A ? Je n'ai pas de réponse. Je ne vois pas de cause exacte, mais il va falloir trouver le remède, sinon on sera bientôt en position très délicate.
SudOuest : Coach et joueurs promettent après chaque défaite en Pro A que ça ira mieux le match suivant, mais rien ne vient. Que faut-il en penser ?
Pierre Seillant : Moi, je respecte tout le monde, mais le moment est venu pour tous de prendre en compte l'intérêt supérieur du club, d'adopter un autre comportement. Il faut des changements, dans les attitudes et dans les résultats.
On ne peut pas accepter l'idée que l'on puisse continuer dans cette voie. Alors bien sûr on peut se dire qu'on n'est qu'à deux victoires du sixième. Mais dimanche, on reçoit Le Mans et ce duel-là, il faut le remporter. Si on veut se qualifier pour la Semaine des As, on doit gagner cinq de nos six prochains matchs. Si ce n'est pas le cas, il faudra qu'on aille au fond des choses avec les coaches.
« En Pro A, on doit gagner cinq de nos six prochains matchs. Si ce n'est pas le cas, il faudra qu?on aille au fond des choses avec les coaches »
SudOuest : Envisagez-vous des sanctions ?
Pierre Seillant : Non. La sanction tombera d'elle-même si on persévère dans cette voie. Les joueurs devront participer à la casse, si casse il y a. Ils veulent des bonus quand ça gagne, mais n'acceptent pas l'éventualité d'un malus quand les résultats sont mauvais. Le club n'est pas une vache à lait. C'est moi qui fais les chèques, à la fin du mois, et en ce moment, c'est un tord-boyaux.
SudOuest : Quel bilan tirez-vous des deux premiers mois de Gordon Herbert à la tête de l'équipe ?
Pierre Seillant : En Euroligue, il est parfait. On bat Fenerbahce et le CSKA Moscou, on se fait voler à Salonique; sur ce chapitre, il mérite la mention très bien. Mais en Pro A, il est comme son équipe : pas bon. On a pourtant affaire aux mêmes hommes. On n'a ni une mauvaise équipe ni un mauvais coach, ils l'ont prouvé en Euroligue où ils ont réalisé de belles choses. On n'est ni un malade imaginaire, ni un malade qui s'ignore. On est un malade bien portant. Il n'y aurait pas l'Euroligue, on pourrait se dire qu'on s'est trompés sur les joueurs. Mais ce n'est pas le cas. Sauf que l'alchimie ne prend par en Pro A.
SudOuest : Parce que les joueurs s'investissent prioritairement en Euroligue, où leurs performances sont davantage valorisées ?
Pierre Seillant : Peut-être qu'inconsciemment ils se préparent mieux parce qu'ils vont affronter des joueurs plus forts et veulent montrer qu'ils sont à la hauteur. Je ne pense pas que les joueurs snobent leurs adversaires de Pro A, mais c'est vrai qu'ils n'ont pas la même concentration, la même application, la même pugnacité. A Paris, il a fallu attendre qu'on soit à -19, qu'on frôle le ridicule, pourqu'il y ait un sursaut d'orgueil. Et j'ai trouvé les joueurs du banc absents, à part Mike Bauer qui était le seul à se lever, à encourager les autres.
SudOuest : Son faux départ à Francfort est-il le signe d'un désaccord sur la stratégie à adopter entre vous-même et Gordon Herbert ?
Pierre Seillant : Non, il n'y a pas de dualité comme vous l'avez écrit. Bauer est un joueur très enthousiaste, un vrai battant que j'adore, et c'est ce dont on a besoin. Il restera avec nous jusqu'à la fin de l'année civile et après, on avisera selon notre situation en Euroligue. Et s'il doit s'en aller, il reviendra (NDLR, Bauer est sous contrat jusqu?en 2008).
SudOuest : Que pensez-vous du rendement d'Aaron Miles ?
Pierre Seillant : Il marque 15 pts et nous donne la victoire à Villeurbanne, mais n'a pas réussi à le refaire depuis. A Istanbul, il fait les bons choix à la fin, contre Moscou, il donne neuf passes décisives, à Salonique, il n'est pas mauvais et vole même la balle de match avant que l'arbitre ne l'en prive. On ne peut pas dire qu'il déçoit, mais il n'apporte pas non plus tout ce qu'on espérait de lui. Il est clair qu'on a une faiblesse aujourd'hui au poste de meneur.
SudOuest : Envisagez-vous un nouveau changement ?
Pierre Seillant : On a droit à un joker et deux alternatives s'offrent à nous : soit on prend un meneur communautaire et on laisse partir Miles, ce qui nous permettrait de conserver Bauer y compris en Pro A ; soit on prend un arrière et Bauer s'en va puisque c'est le choix du coach. Mais est-ce que cela résoudra nos problèmes ? Herbert veut des joueurs qui apportent de l'énergie. Bauer n'en manque pas. On va réfléchir. J'attends les coaches (NDLR, l'interview a été réalisée hier matin) pour débriefer avec eux.
(Source : http://www.sudouest.com)
" Pierre Seillant : " Ce n'est pas la crise " "
Après un conciliabule avec son staff, Pierre Seillant prône la sécurité. Aucun changement n'est à prévoir pour ses prochains jours.
Les interrogations sont multiples. Comment cet Elan capable de terrasser Ulker Istanbul dans son antre, de scalper sans sourciller le champion d'Europe moscovite,d e jouer les yeux dans les yeux avec Barcelone et Salonique pendant 36 minutes sur 40 en Euroligue, peut-il être si friable et volatile en championnat ou il reste sur trois défaites consécutives contre Toulon, Roanne et Paris ?
Un des nombreux paradoxes de cette équipe " Docteur Jekyll et Mister Hyde ", est d'afficher simultanément la quatrième meilleure défense en Euroligue (69,7 points encaissés en moyenne), et la plus mauvaise en Pro A (80 points tout rond concédés par rencontre).
Une compétition nationale dans laquelle les Palois végètent en fond de classement (13e ex-aequo avec sept défaites en onze sorties) et dans laquelle ils ont grillé tous les jokers mis à disposition.
A cette question toujours sans réponse mathématiquement vérifiable, le directeur exécutif Pierre Seillant a tenté de répondre, hier en début d'après-midi, en réunissant dans son bureau l'ensemble du staff.
Sans dévoiler l'exacte teneur de cette réunion au sommet, le Prési revient volontiers sur les évènements actuels qui interloquent le petit monde de la grosse baballe orange.
La République des Pyrénées : " Comment jugez-vous l'attitude de votre équipe, diamétralement opposée dès qu'elle bascule de l'Euroligue vers le Championnat ?
Pierre Seillant : Chacun au club se questionne sur son comportement. Je me demande comment on peut afficher un visage aussi différentd'une compétition à l'autre. J'avoue que cela me contrarie beaucoup, m'agace et surtout me laisse perplexe car on ne peut pas dire que cette équipe est mauvaise. Ce n'est pas la crise.
Ces derniers temps, je m'interroge pas mal sur la nature humaine... Je n'explique pas que l'on soit pas plus concerné par la Pro A. J'ai l'impression que seule la peur pousse les joueurs à réagir.
A mon avis, notre inconstance actuelle vient de notre défense. C'est uniquement une question d'ordre mental.
En Euroligue, nous sommes concentrés, la peur galvanise les joueurs qui veulent se " payer " les gros. En Pro A, c'est l'inverse qui se produit, ce sont les autres équipes qui rêvent de s'offrir l'Elan. Quelle que soit la qualité de notre adversaire, l'équipe se met à son niveau.
La République des Pyrénées : Afin d'enrayer cette spirale envisagez-vous de prendre des mesures drastiques ?
Pierre Seillant : Aucune pour l'instant. Si rien ne fonctionne, on prendra des décisions. Pas avant. A l'Elan, non ne prend pas des gens pour les jetter dans la foulée. Il faut laisser du temps au temps. Dans un sport collectif, l'alchimie se fait plus ou moins bien ou ne se fait pas du tout. Chez nous, elle se construit lentement en Pro A et plus rapidement en Euroligue.
La République des Pyrénées : Gordon Herbert est-il un entraîneur menacé ?
Pierre Seillant : Le coach ne craint rien pour l'instant. C'est un bon entraîneur, il a fait ses preuves.
La République des Pyrénées : A Paris, Herbert sollicite son cinq majeur 168 minutes sur 200 possibles. Etes-vous surpris de cette utilisation minimale des joueurs du banc ?
Pierre Seillant : C'est un choix ponctuel du coach sur ce match. Aujourd'hui (hier), je lui ai dit qu'il ne pourrait pas poursuivre toute la saison ainsi.
La République des Pyrénées : Le vrai-faux départ de Mike Bauer la semaine dernière a-t-il perturbé l'équipe ?
Pierre Seillant : Pas le moins du monde. Son départ n'est plus d'actualité. Bauer est avec nous jusqu'à la fin décembre minimum, voire la fin de la première phase de l'Euroligue. Il ne jouera pas en championnat mais sera aligné en Coupe d'Europe. Pour lui ce n'est pas un problème. A Roanne, l'an dernier, il ne disputait qu'un match par semaine. Ce sera désormais le cas.
La République des Pyrénées : Pour redresser la barre, ordon Herbert ne cache pas son désir d'enrôler un ailier défenseur Bosman ou Cotonou supplémentaire. La solution n'est-elle pas au contraire dans le remplacement du meneur Aaron Miles dont le rendement laisse beaucoup d'observateurs perplexes ?
Pierre Seillant : Miles, tout le monde lui tombe dessus ! Certes, il ne donne pas toute sa pleine mesure, il n'est pas aussi saignant que l'on voudrait. Mais dès son arrivée il livre un gros match à Villeurbanne. Il a également été très bon contre Moscou et Istanbul.
La République des Pyrénées : Son manque de régularité au shoot (15 sur 49 en Pro A, soit 30%), n'est-il pas un handicap insurmontable au bon fonctionnement de l'équipe ?
Pierre Seillant : S'il était très adroit, en plus de ses qualités, il ne serait pas à Pau. Lorsque nous l'avons recruté, on a fait avec ce qu'il y avait sur le marché et avec les moyens financiers dont on dispose. maintenant, des contrats existent. On ne peut pas faire n'importe quoi. On a aussi des limites financières à respecter.
La République des Pyrénées : Son éventuel départ est-il toutefois envisageable ?
Pierre Seillant : Changer pour changer n'est pas une solution que j'approuve. Ce qui est sûr, c'est que l'on peut encore modifier l'effectif. Dans le cas de Miles, rien ne presse. Il est toujours Palois ! Bien sûr, on est à l'écoute du marché.
Changer un meneur signifierait trouver un meneur Bosman ou Cotonou ce qui permettrait à Bauer de se repositionner dans le rôle de quatrième Amércain du club.
La République des Pyrénées : La venue du Mans, dimanche après-midi , est-elle capitale ?
Pierre Seillant : Si on est conforme avec nous mêmes, on vafaire un bon match puisque Le Mans dispute l'Euroligue. On va les jouer les yeux dans les yeux. Je ne suis pas inquiet, on va tout faire pour redresser le barre en Pro A. A condition de travailler dans la sérénité et de ne pas se mettre péril en tête. Aujourd'hui le ciel est voilé, mais le soleil va vite revenir. N'oublions pas tout ce que l'on a donné dans le passé. Dans les périodes fastes comme creuses, j'ai toujours su relativiser. A l'arrivée, nous sommes toujours là depuis trente ans, et c'est quand même cela le plus important ".
( Source : La République des Pyrénées)