Kalikoba a écrit :visiteur a écrit :JC a écrit :
Je peux faire une remarque au sujet de ton argumentation sur D.Rose?
"Tout homme ambitieux atteint un jour son niveau d'incompétence" (le principe de Peters)
Par ailleurs, j'aime les (trop rares) interventions de "visiteur". Le bon sens, la tempérance...Ça nous change de certaines interventions qui encombrent nos pages, et nous font souhaiter que leurs (que son) auteurs se foulent le poignet de temps en temps

Je pense qu'effectivement ça se résume à ça.
L'ambitieux dépourvu de (trop de) mégalomanie sait s'arrêter à temps et préserver ce qu'il a su construire. Dans un cas tu as Seillant, dans l'autre tu as Rose...
Moi je n'ai plus envie de revenir sur les magouilles de Didier Rose. On sait ce qu’il a fait, et de toute façon le problème, c’est qu’on l’a laissé faire. Que ce soit au niveau de la Fédé, des politiques sur Limoges, et même des banques.
Ce que je retiens en fait, de la période Didier Rose, c’est deux choses. La première, ce sont les titres nationaux et européens. Pour les titres nationaux on a fait aussi bien, mais pour les titres européens, ce n’est pas demain la veille.
Et la deuxième chose, et qui était de sa responsabilité directe, puisqu’il était agent, c’est sa faculté à trouver d’excellents joueurs. Des Ed Murphy, des Don Colins, Mickaël Brooks, Clarence Kea, Mickaël Young, Youri Zdovc. Il se trompait pas souvent le salaud. Faut reconnaître, que mis à part Laurence Fundenburke, on a jamais eu des joueurs de ce niveau. Et si Young et Brooks devaient coûter la peau du cu l, je ne suis pas sûr que les autres étaient si cher que ça, du moins quand ils sont arrivés au CSP.
Attention, attention, ne pas prêter non plus à Rose ce qu'il n'était pas...
Les titres européens du CSP, ceux en tout cas des années 80 et même celui de 93, Rose n'y est pour rien. Pour mémoire c'est un joueur du bout du banc de l'équipe du début des années 80 et qui à la fin de sa carrière de joueur semi-amateur (le basket n'était pas encore pro à cette époque) a voulu se lancer dans le métier d'agent de joueur. Il était à Limoges, avait la meilleure équipe de basket de l'époque sur place, connaissait certains joueurs emblématiques et a donc commencé comme cela
Deuxième chose à ne pas oublier: au début Rose était dans le collimateur du tandem Biojout/Popellier, tandem qui est à la base de toute la réussite du club. C'est ce tandem (ou des personnes proches et avisées sous leur autorité) qui ont fait venir Murphy au CSP alors qu'effectivement il jouait en Suisse... Rose n'y est absolument pour rien, il jouait (enfin le regarder jouer du banc…) avec lui.
Ensuite vous avez la deuxième époque: celle où Biojout/Popellier comprennent que Rose est en train de devenir un interlocuteur difficilement contournable et qu'il faut mieux s'entendre avec lui que lutter contre lui.
Cette période correspond avec la période Gomez comme coach et la période que perso je préfère du club: basket somptueux, joueurs fantastiques comme l'improbable tandem Beugnot/Monclar à la mène et bien entendu ce joueur phénoménal qu'était Don Collins. A vrai dire, je ne sais pas si Collins a été repéré par Rose, je n'ai plus la mémoire des choses. Brooks était sous contrat avec lui en revanche j'en suis quasi sûr. Il ne faut pas perdre de vue que le choix de Collins et de Brooks sont des choix hyper risqués: Collins parce qu'en raison de problèmes de drogue, Brooks parce que blessure lui ayant barré une carrière NBA de premier ordre. Le choix de prendre le risque de les faire venir c’est à Biojout et Popellier qu’il revient pas à Rose. Je ne suis pas sûr qu’effectivement que Collins ait été très cher compte tenu de son passé, je crois même qu’il y avait une clause dans son contrat s’il rechutait ( peut être aussi le genre de rumeur infondée).
La fin de cette époque, c'est que l'entente cordiale dirigeants/Rose pose un gros problème à Gomez qui va quitter le club en claquant la porte. Grosse désillusion. Je suis sûr que cette équipe sans le problème relationnel avait sa chance au Final Four de Saragosse en 1990. Quelques semaines plus tôt dans la poule, j'avais eu la chance d'assister probablement au plus beau match de basket que je n'ai jamais vu, Limoges/Split. Phénoménal. De la dentelle, du basket au top du top, j’en ai encore des frissons dans le dos tellement c’était beau. En demi-finale, à Saragosse, le CSP retrouve le Split de Maljkovic/Kukoc/Radja/Ivanovic, ça part en eau de boudin, coach plus concerné, -20...
Ensuite vous avez la troisième époque: celle de la transmission du club par le tandem historique à des personnes issues de PME locales. Rose prend un rôle de plus en plus important car ces personnes contrairement à Biojout/Popellier ne connaissent pas le basket. ça patine au départ et puis... Maljkovic rompt avec le Barça et le club qui est encore suffisamment fort financièrement pour lui proposer un contrat (la gestion Biojout c'était quelque chose...) le fait venir. L'équipe ne lui convient pas, ça foire face à Pau en 92, remodelage de l'équipe, la saison d’après.
Le choix de Young et Zdvoc, Rose n'y est pour rien: c'est le choix de Maljkovic. Les deux n'étaient pas sous contrat avec Rose d'ailleurs (Zdvoc sûr et certain) mais Rose avait une position d'intermédiaire entre le club et les agents de joueurs (bon là je rentre un peu dans des détails que je ne maîtrise pas donc je vais arrêter d'écrire des c... lol...)
On sait ce qu'il advient de cette équipe en 93, le retentissement que cela crée, et puis la petite phrase de Maljkovic dans l'euphorie ambiante "les grandes victoires sont les cimetières des petites équipes..." No comment...
La suite inutile de l'écrire, c'est l'histoire d'un club qui essaye de se maintenir au top niveau européen mais sans trop réfléchir à comment y arriver, sans se soucier de trouver des sources de financement durables qui puissent maintenir son standing et qui à défaut va se servir de son aura pour mettre les collectivités locales à contribution (m'enfin vous imaginez, toute la France parle de Limoges!!!). C’est la course, le but ultime : présenter une équipe qui puisse continuer à faire rêver la ville, la région, la France (mais une ville du Sud Ouest résiste encore et toujours à cette version des faits…).
Dans cette triste histoire de fuite en avant, Rose est le dirigeant de fait du club, celui qui prend les décisions tout en n'ayant pas la charge directionnelle juridique. Je ne vais pas détailler toutes les malversations qui ont été retenues contre lui par le tribunal durant toute cette période, c'est assez hallucinant.
Comme j'ai l'impression que le sujet intéressait quelques personnes ici, j'ai été très et trop long et j'ai sûrement omis beaucoup de choses, je m'en excuse, mais j’ai voulu un peu recadrer ce qu’était Rose et ce qu’avait été le CSP sans Rose. Car si le CSP aurait eu la majeure partie de son palmarès sans Rose, Rose ne serait jamais rien devenu sans le CSP. En cela, il révèle sa nature profonde à mon sens : celui d’être un très bon opportuniste.
Ce que je retiens de Rose en outre, c'est le relationnel de l'homme. Il s'est planté sur beaucoup de joueurs qui sont venus au CSP et si on faisait un bilan détaillé, je ne suis pas sûr qu’au bout du compte, avec les moyens dont il disposait, il soit très flatteur. Mais sa force, me semble-t-il, résidait dans sa capacité à convaincre et à paraître crédible devant une très grande partie du monde du basket et même en dehors du basket (média, cf France 2, Canal + avec Biétry). Sa capacité de séduction était et je pense demeure assez sidérante, c'est pour celà que le fait de le voir réapparaître ne m'étonne pas. Je ne connais pas l'homme (juste une image de lui dans un gymnase de Limoges où jouait son fils à l'époque où j'y habitais qui m'avait pas mal marqué et que je garde pour moi) mais comme je le disais dans un autre post, c'est un talent, un talent sulfureux, un talent qu'il aurait fallu savoir maîtriser pour savoir s'en servir (mais était-ce possible?) ou combattre car contraire à tout sens éthique.
Les faits ont donné raison à ceux qui l'ont combattu. Telle est en tout cas la conclusion de l'histoire en ce jour de 2005...